Le renouveau des conventions
Publié : 14 Novembre 2010, 04:18
Voilà quelques années que le marché des conventions manga est saturé ; notamment à Paris, où le phénomène de lassitude est de plus en plus présent de la part des visiteurs : ils déambulent sans regarder les stands… Pourquoi et comment les visiteurs en sont-ils arrivés à ce comportement ? Nous vous proposons une analyse de notre point de vue.
Les professionnels
Les conventions stagnent… Les boutiques se multiplient et proposent de plus en plus de choses identiques. Le nombre de boutiques à vendre des vêtements gothiques/punk a fleuri depuis 1 ou 2 ans. Globalement, faire 4 ou 5 stands professionnels lors d'une convention suffit pour faire le tour de tous les magasins. Il n'y a aucun renouveau de ce côté-là…
Le cosplay
Trop de cosplay tue le cosplay. Nous sommes rendus à un tel niveau de popularité de la culture manga en France que les cosplayers font des costumes de séries totalement inconnues en France. Pourquoi en sont-ils réduits à ça ? Parce que tout le reste a été fait… Certains restent sur des séries éditées en France, comme Naruto, D.Gray-man ou One Piece, mais personne ne s'y intéresse puisque c'est vu et re-vu ; cependant, les costumes inconnus sont de plus en plus présents ; et le problème, c'est qu'un costume qu'on ne connaît pas est forcément beaucoup moins intéressant : "ooooh, il est bô ton cosplay ! C'est quoi comme série ? [machin-truc-bidule-no-waka-bidule-truc-machin]. Je peux te prendre en photo ?". Et ça n'ira pas plus loin. Les cosplayers sont de toute façon limités par les séries qui sortent, et en sont trop dépendants pour pouvoir faire quelque chose d'innovant…
Les fanzines
Les fanzines quant à eux (petit rappel : je suis moi-même fanzineux, mais ce n'est pas pour ça que je vais les encenser) devraient normalement être la source créative des conventions ; hélas, la nouvelle génération n'a pas l'air intéressé par ce milieu pourtant euh… laborieux ? Le renouvellement tarde, très peu de nouveaux fanzines chaque année, du coup, les anciens prennent de plus en plus de poids et d'importance, et renforcent leur position. A titre d'exemple, il suffit de nous regarder : 7 ans d'existence avec plus de 20 numéros au compteur ! Pour un fanzine, c'est énorme ! De même, T@tsu, 7 ans d'existence aussi, ou Méluzine : 10 ans (je crois) ! Où sont les nouveaux ? Bref, les fanzines tournent en rond, parce que les nouveaux n'arrivent pas ou pas assez vite, et parce que les conventions de façon générale les brident en leur donnant des emplacements pourris. Pour info, sachez qu'au Japan Expo 4, notre stand (avec mon ancien fanzine) était placé entre les stands de Bandai et Tonkam ! Un truc inimaginable aujourd'hui ! Non, aujourd'hui, les amateurs ne payant pas assez cher leur stand, il faut les mettre bien reclus dans un coin, comme l'avait fait le Lovin'Japan : les fanzines, sous l'escalier à côté des toilettes ! De toute manière, le marché parle de lui-même : une convention sans stand amateur n'a jamais marché, alors que l'inverse n'est pas vrai (Cf. Harajuku).
Les associations d'animation
Les associations d'animation quant à elle ne se renouvellent pas non plus. Elle est loin l'époque de Tsubasa… De même que les fanzines, les associations étaient mises en avant puisqu'elles avaient la scène pour eux, et eux seuls. Maintenant, ils sont plusieurs prestataires pour plusieurs scènes… Mais le problème vient du fait qu'on nous présente toujours la même formule : des stands de jeux ou d'animation sur stand, des jeux sur scène du style find or die… Le public se lasse de voir toujours les mêmes choses, les mêmes jeux, et surtout : le même concept…
Les jeux vidéo et les jeux musicaux
Je ne vais pas m'étaler sur ce point, puisque fondamentalement, le principe est quand même de s'asseoir et de jouer, et je doute qu'on puisse changer ça. De même pour les jeux musicaux ; on a là une partie qui ne bouge pas puisque c'est le principe même du jeu vidéo, donc on ne peut pas leur reprocher ça…
Les visiteurs
Et les visiteurs dans tout ça ? Et bien comme on l'a remarqué depuis les dernières conventions de cette année (Paris Manga, Chibi) : les visiteurs sont toujours aussi nombreux, MAIS partent de plus en plus tôt ! Globalement, on a pu observer qu'aux alentours des 17h, il y avait 2 à 3 fois moins de visiteurs !
Quelles conséquences ? Et bien pas trop grave pour les organisateurs généralement, les billets d'entrée sont achetés, donc pas de baisse pour eux… Pour les stands par contre, ce n'est pas la même histoire : 2h de vente de perdu, 2h à se faire chier en voyant 3 visiteurs perdus dans l'allée de 17h à 19h… Bien sûr, d'année en année, le prix des stands augmentent, alors que la durée effective de vente se raccourcit. Pourquoi ? Parce que les visiteurs en ont marre qu'on leur propose la même chose : les mêmes produits sur les stands pro, les mêmes fanzines, les multiples cosplays de Naruto, les mêmes jeux des associations… On peut comprendre tout ça, mais les organisateurs de convention ne font rien à l'heure actuelle pour changer ça : ils sont sur un modèle économique qui fonctionne, alors pourquoi en changer ?
Quelles solutions ?
Par quoi passe donc l'avenir des conventions ? C'est sans doute présomptueux de notre part de faire des hypothèses, mais voici les trois plus probables :
- un nouveau produit japonais, qui cartonnerait, et qui bien sûr serait repris dans nos conventions françaises et entraînerait une nouvelle tendance. Dans notre milieu, beaucoup de gens suivent de près l'actualité au Japon de tous ces produits ou phénomènes ; et à l'heure actuelle, ce n'est pas près d'arriver…
- les fanzines, puisqu'ils sont le cœur créatif des conventions, lancent un nouveau concept ou je-ne-sais-quoi, mais quelque chose de novateur. Le problème, c'est qu'ils n'ont aucune visibilité, donc le projet serait étouffé dans l'œuf…
- les conventions de provinces : elles partent sur des concepts différents, que ce soit l'Anim'Est ou le Japan Tide par exemple. L'approche est commerciale bien sûr, parce qu'il faut un seuil de rentabilité, mais l'état d'esprit de l'organisation en province est orienté vers le "comment faire la meilleure convention possible ?", alors que pour les grosses conventions, la mentalité est plutôt "comment faire le plus de fric possible ?". Nous ne sommes pas là sur l'opposition convention commerciale/convention conviviale, mais juste sur une mentalité de base ; après tout, on peut très bien penser "comment faire la meilleure convention possible ?" et se faire un max de flouze ! Malheureusement, ces conventions sont limitées par les visiteurs eux-mêmes : en France, la majorité des visiteurs de conventions sont des parisiens ; et pour ceux-là, Paris, c'est la France, la France, c'est Paris. Et ils ne se déplaceront certainement pas pour un "event de bouseux" comme ça…
Conclusion
Pas grand-chose à conclure en fait, il suffira de voir dans quelques années. De notre côté, en tant que fanzine, et donc en tant que participant actif à cette lassitude des conventions, nous allons quand même essayer de faire des efforts, et de plus varier nos produits et nos activités (d'où la news précédente par rapport à 2011) !
Les professionnels
Les conventions stagnent… Les boutiques se multiplient et proposent de plus en plus de choses identiques. Le nombre de boutiques à vendre des vêtements gothiques/punk a fleuri depuis 1 ou 2 ans. Globalement, faire 4 ou 5 stands professionnels lors d'une convention suffit pour faire le tour de tous les magasins. Il n'y a aucun renouveau de ce côté-là…
Le cosplay
Trop de cosplay tue le cosplay. Nous sommes rendus à un tel niveau de popularité de la culture manga en France que les cosplayers font des costumes de séries totalement inconnues en France. Pourquoi en sont-ils réduits à ça ? Parce que tout le reste a été fait… Certains restent sur des séries éditées en France, comme Naruto, D.Gray-man ou One Piece, mais personne ne s'y intéresse puisque c'est vu et re-vu ; cependant, les costumes inconnus sont de plus en plus présents ; et le problème, c'est qu'un costume qu'on ne connaît pas est forcément beaucoup moins intéressant : "ooooh, il est bô ton cosplay ! C'est quoi comme série ? [machin-truc-bidule-no-waka-bidule-truc-machin]. Je peux te prendre en photo ?". Et ça n'ira pas plus loin. Les cosplayers sont de toute façon limités par les séries qui sortent, et en sont trop dépendants pour pouvoir faire quelque chose d'innovant…
Les fanzines
Les fanzines quant à eux (petit rappel : je suis moi-même fanzineux, mais ce n'est pas pour ça que je vais les encenser) devraient normalement être la source créative des conventions ; hélas, la nouvelle génération n'a pas l'air intéressé par ce milieu pourtant euh… laborieux ? Le renouvellement tarde, très peu de nouveaux fanzines chaque année, du coup, les anciens prennent de plus en plus de poids et d'importance, et renforcent leur position. A titre d'exemple, il suffit de nous regarder : 7 ans d'existence avec plus de 20 numéros au compteur ! Pour un fanzine, c'est énorme ! De même, T@tsu, 7 ans d'existence aussi, ou Méluzine : 10 ans (je crois) ! Où sont les nouveaux ? Bref, les fanzines tournent en rond, parce que les nouveaux n'arrivent pas ou pas assez vite, et parce que les conventions de façon générale les brident en leur donnant des emplacements pourris. Pour info, sachez qu'au Japan Expo 4, notre stand (avec mon ancien fanzine) était placé entre les stands de Bandai et Tonkam ! Un truc inimaginable aujourd'hui ! Non, aujourd'hui, les amateurs ne payant pas assez cher leur stand, il faut les mettre bien reclus dans un coin, comme l'avait fait le Lovin'Japan : les fanzines, sous l'escalier à côté des toilettes ! De toute manière, le marché parle de lui-même : une convention sans stand amateur n'a jamais marché, alors que l'inverse n'est pas vrai (Cf. Harajuku).
Les associations d'animation
Les associations d'animation quant à elle ne se renouvellent pas non plus. Elle est loin l'époque de Tsubasa… De même que les fanzines, les associations étaient mises en avant puisqu'elles avaient la scène pour eux, et eux seuls. Maintenant, ils sont plusieurs prestataires pour plusieurs scènes… Mais le problème vient du fait qu'on nous présente toujours la même formule : des stands de jeux ou d'animation sur stand, des jeux sur scène du style find or die… Le public se lasse de voir toujours les mêmes choses, les mêmes jeux, et surtout : le même concept…
Les jeux vidéo et les jeux musicaux
Je ne vais pas m'étaler sur ce point, puisque fondamentalement, le principe est quand même de s'asseoir et de jouer, et je doute qu'on puisse changer ça. De même pour les jeux musicaux ; on a là une partie qui ne bouge pas puisque c'est le principe même du jeu vidéo, donc on ne peut pas leur reprocher ça…
Les visiteurs
Et les visiteurs dans tout ça ? Et bien comme on l'a remarqué depuis les dernières conventions de cette année (Paris Manga, Chibi) : les visiteurs sont toujours aussi nombreux, MAIS partent de plus en plus tôt ! Globalement, on a pu observer qu'aux alentours des 17h, il y avait 2 à 3 fois moins de visiteurs !
Quelles conséquences ? Et bien pas trop grave pour les organisateurs généralement, les billets d'entrée sont achetés, donc pas de baisse pour eux… Pour les stands par contre, ce n'est pas la même histoire : 2h de vente de perdu, 2h à se faire chier en voyant 3 visiteurs perdus dans l'allée de 17h à 19h… Bien sûr, d'année en année, le prix des stands augmentent, alors que la durée effective de vente se raccourcit. Pourquoi ? Parce que les visiteurs en ont marre qu'on leur propose la même chose : les mêmes produits sur les stands pro, les mêmes fanzines, les multiples cosplays de Naruto, les mêmes jeux des associations… On peut comprendre tout ça, mais les organisateurs de convention ne font rien à l'heure actuelle pour changer ça : ils sont sur un modèle économique qui fonctionne, alors pourquoi en changer ?
Quelles solutions ?
Par quoi passe donc l'avenir des conventions ? C'est sans doute présomptueux de notre part de faire des hypothèses, mais voici les trois plus probables :
- un nouveau produit japonais, qui cartonnerait, et qui bien sûr serait repris dans nos conventions françaises et entraînerait une nouvelle tendance. Dans notre milieu, beaucoup de gens suivent de près l'actualité au Japon de tous ces produits ou phénomènes ; et à l'heure actuelle, ce n'est pas près d'arriver…
- les fanzines, puisqu'ils sont le cœur créatif des conventions, lancent un nouveau concept ou je-ne-sais-quoi, mais quelque chose de novateur. Le problème, c'est qu'ils n'ont aucune visibilité, donc le projet serait étouffé dans l'œuf…
- les conventions de provinces : elles partent sur des concepts différents, que ce soit l'Anim'Est ou le Japan Tide par exemple. L'approche est commerciale bien sûr, parce qu'il faut un seuil de rentabilité, mais l'état d'esprit de l'organisation en province est orienté vers le "comment faire la meilleure convention possible ?", alors que pour les grosses conventions, la mentalité est plutôt "comment faire le plus de fric possible ?". Nous ne sommes pas là sur l'opposition convention commerciale/convention conviviale, mais juste sur une mentalité de base ; après tout, on peut très bien penser "comment faire la meilleure convention possible ?" et se faire un max de flouze ! Malheureusement, ces conventions sont limitées par les visiteurs eux-mêmes : en France, la majorité des visiteurs de conventions sont des parisiens ; et pour ceux-là, Paris, c'est la France, la France, c'est Paris. Et ils ne se déplaceront certainement pas pour un "event de bouseux" comme ça…
Conclusion
Pas grand-chose à conclure en fait, il suffira de voir dans quelques années. De notre côté, en tant que fanzine, et donc en tant que participant actif à cette lassitude des conventions, nous allons quand même essayer de faire des efforts, et de plus varier nos produits et nos activités (d'où la news précédente par rapport à 2011) !