Débat : Vers une offre légale du Scantrad?
Publié : 23 Avril 2010, 14:25
Débat : Vers une offre légale du Scantrad?
Il y a peu, l'éditeur de Manga Shueisha a fait paraître dans son célèbre magazine Shonen Jump (Où est paru Dragon Ball, Naruto, One Piece, etc) un petit encadré pour réprimer la multiplication du scan de leurs séries sur le net. A destination tout d'abord de leurs lecteurs japonais, trouvant dans ces scans non-traduits (Raw) la possibilité de lire sans payer leurs magazines favoris.
Une news d'un site de scantrad qui résume l'affaire: http://www.scantrad.fr/plus.php?id=4551
Mais le problème à l'internationale reste entier. Car ces raws, traduites par de nombreux étrangers, et redistribués numériquement de par le monde, représentent de toute façon un manque à gagner pour les éditeurs. D'où la question : "Ne serait-il pas possible de faire du Scantrad légal?"
Pour débuter un débat, nous interviewons ici Salagir, scénariste co-auteur d'un Franga amateur, une suite crédible de Dragon Ball nommée Dragon Ball Multiverse. Et ce car DBMultiverse à la particularité justement d'être traduit dans pas moins de 8 langues, et ce dès la mise en ligne d'une nouvelle page par ses auteurs...
Un éditeur Japonais pourrait aisément ainsi proposer une interface de traduction à ses contacts étrangers éditeurs, le Shonen Jump par exemple devenant ainsi disponible rapidement en français sur la toile peu après sa parution japonaise. Et ce pour un abonnement (Ex: 5 euros par mois). Tout ça, multiplié bien entendu par le nombre de pays intéressés par la mise en place de l'offre.
Vous pouvez donc constater un prémice de ce système ici-même : http://www.dragonball-multiverse.com/
Q1: Comment fonctionne le système de traduction actuel de Dragon Ball Multiverse?
- Une fois qu'un auteur a fini sa page, on l'exporte avec les bulles vides (nommée no-text) et l'uploade sur le site.
- Une personne remplit le texte dans la base de donnée, séparant chaque bulle
- Une personne dans l'interface voit la page no-text et un rectangle pour chaque bulle (avec le texte de bulle dedans). Avec une interface javascript, il déplace les carrés et change leurs tailles pour les placer exactement dans les bulles. Il peut aussi changer la couleur et la taille du texte.
- Les traducteurs voient alors la page no-text avec le texte des bulles dedans, en HTML. Ils modifient directement le contenu des bulles (les rectangles étant devenus éditables) et sauvent.
- Ici, la version "html" marche déjà.
- Le ou les exportateurs voient les traductions affichées dans une liste de "choses à faire". Ils ont la page originale (en photoshop, mais qu'importe le format) et copient les bulles dans l'image, le process est facilité par divers détails.
- Les exportateurs peuvent mettre la page sur le site par FTP ou par upload HTTP. Ensuite, des scripts les repèrent, les cachent et attendent le jour de la sortie pour les mettre en ligne.
- Lorsqu'un traducteur change une phrase après coup, les exportateurs voient dans la liste de "choses à faire", que pour telle page, telle bulle spécifiquement à changée. Ils peuvent la remplacer, réexporter, réuploader, et le script remplace la page en ligne.
Les traducteurs peuvent traduire le texte en ligne, alors que d'autres s'occupent de faire l'export de l'image (sauf si on utilise la version html)
J'ai également commencé une interface pour tous les utilisateurs, permettant, sans que j'ai à bouger le petit doigt, à n'importe qui d'ajouter sa langue.
Q2: Combien de temps celà te prends-il pour préparer une page numériquement, afin qu'elle soit modifiable alors par tes contacts étrangers?
Dans le cas de DBM c'est particulier parce que nous avons pleins de dessinateurs et même des assistants qui retouchent numériquement !
Mais si l'on prenait une page finie sur papier, comme dans le cas d'un manga, il faudrait donc juste scanner, mettre le texte dans une langue de base, exporter le no-text. Tout cela est très rapide en fait.
Quand l'auteur original sait scanner et m'envoie une page parfaite, ajouter les textes et le copyright me prends 2 minutes. Avec l'export et l'upload, montons à 4 minutes :)
Q3: Qui constitue le public de Dragon Ball Multiverse? Y-a-t-il beaucoup d'étrangers qui le lisent?
Enormément. Il y a autant de lecteurs japonais que français ! A eux seuls ils font un quart chacun des visites. (28% pour la france, 26% pour le japon) Derrière nous avons 7% d'hispaniques, 6% d'américains, 5% de chinois, 3% d'italiens, 1% de portugais/brésiliens....
Proposer plusieurs langues ramène énormément de visiteurs.
Les BD en lignes les plus connues, généralement en anglais, ont des versions traduites par des fans (je pense surtout à Megatokyo), mais ils ne les mettent pas du tout en avant, et c'est dommage, car finalement, peu de gens lisent l'anglais, surtout chez les jeunes lecteurs (une grande partie du lectorat de DBM).
Q4: Que pense-tu de cette idée de proposer un système similaire au tien pour des magazines de prépublications Japonais? (Ex: Shonen Jump - Naruto, One Piece, Bleach, etc)
C'est une très bonne idée. Je sais en tout cas que c'est tout à fait faisable techniquement.
Je pense aussi que comme tous les systèmes de lectures en ligne qu'ont proposés les professionnels, ce sera une horreur en flash illisible.
Généralement les éditeurs sont sous la parano qu'on leur volera leurs images. Message pour vous les éditeurs: on vous vole DEJA vos images. En les protégeant plus, vous ne faites qu'ennuyer le lecteur qui ne demande qu'à payer.
Note: Les éditeurs ont fait de nombreux efforts là-dessus, et des éditeurs tels que Tonkam présentent une interface de lecture en ligne agréable (http://www.editions-tonkam.fr/mangas_en_ligne.php)
Q5: Ton système permet-il de mettre en place des droits et de faire des statistiques? (Ex: Tel éditeur Français n'aurait les droits d'accès en traduction qu'à la série dont il a la licence, quelle est la série la plus lue -> D'où rémunération équivalente en répartissant les gains issus des abonnements, etc?)
Pour des statistiques, le résultat étant un site web, oui on peut faire des stats dans tous les sens, avec le programme de son choix. Interne comme awstats, ou externe avec google analytics.
C'est très intéressant pour eux, c'est sûr, maintenant est-ce qu'ils le veulent, vu la frilosité des éditeurs face au net, je pense que non, mais c'est pas moi qui décide.
Q6: Un abonnement de cinq euros par mois pour lire son Jump numériquement, ça te semble viable?
Je trouve cela très cher pour quelque chose que l'on ne peut pas lire dans le métro, et qui coûte à peine le double en version papier
(si je ne me trompe pas, le Jump coûtant 250 yen max, cela fait 2 E par semaine donc 10 E par mois).
Il faut penser que produire cette version web ne va vraiment rien coûter à l'éditeur (prix de diffusion minime, un peu de bande passante, au lieu de logistique d'impression et de transport de tonnes de papier). En profiter pour se faire une marge qui atteint sûrement les 10000% me semble assez honteux.
Enfin, j'imagine que cela ira à tout ceux qui payent leur musique sur le net au prix exorbitant actuel.
Vous devez, et vous en avez les moyens, et cela vous rapportera des tonnes de bénéfices, proposer une solution très bien faite, très peu chère, avec plein de services bonus (un compte qui se rappelle où vous en êtes dans la lecture, des informations par mail, des interviews, la sortie des pages exactement en même temps voire avant le Jump papier, etc).
Ainsi les lecteurs préfèreront payer, disons 10 Euros par an (oui, si peu que ça), pour avoir un service parfait, plutôt que d'aller sur le site de transcan illégal avec des fautes d'orthographes, des images longues à charger, et bien sûr, 24h de retard sur vous.
Interview réalisée par Torog, pour http://www.no-xice.com
Il y a peu, l'éditeur de Manga Shueisha a fait paraître dans son célèbre magazine Shonen Jump (Où est paru Dragon Ball, Naruto, One Piece, etc) un petit encadré pour réprimer la multiplication du scan de leurs séries sur le net. A destination tout d'abord de leurs lecteurs japonais, trouvant dans ces scans non-traduits (Raw) la possibilité de lire sans payer leurs magazines favoris.
Une news d'un site de scantrad qui résume l'affaire: http://www.scantrad.fr/plus.php?id=4551
Mais le problème à l'internationale reste entier. Car ces raws, traduites par de nombreux étrangers, et redistribués numériquement de par le monde, représentent de toute façon un manque à gagner pour les éditeurs. D'où la question : "Ne serait-il pas possible de faire du Scantrad légal?"
Pour débuter un débat, nous interviewons ici Salagir, scénariste co-auteur d'un Franga amateur, une suite crédible de Dragon Ball nommée Dragon Ball Multiverse. Et ce car DBMultiverse à la particularité justement d'être traduit dans pas moins de 8 langues, et ce dès la mise en ligne d'une nouvelle page par ses auteurs...
Un éditeur Japonais pourrait aisément ainsi proposer une interface de traduction à ses contacts étrangers éditeurs, le Shonen Jump par exemple devenant ainsi disponible rapidement en français sur la toile peu après sa parution japonaise. Et ce pour un abonnement (Ex: 5 euros par mois). Tout ça, multiplié bien entendu par le nombre de pays intéressés par la mise en place de l'offre.
Vous pouvez donc constater un prémice de ce système ici-même : http://www.dragonball-multiverse.com/
Q1: Comment fonctionne le système de traduction actuel de Dragon Ball Multiverse?
- Une fois qu'un auteur a fini sa page, on l'exporte avec les bulles vides (nommée no-text) et l'uploade sur le site.
- Une personne remplit le texte dans la base de donnée, séparant chaque bulle
- Une personne dans l'interface voit la page no-text et un rectangle pour chaque bulle (avec le texte de bulle dedans). Avec une interface javascript, il déplace les carrés et change leurs tailles pour les placer exactement dans les bulles. Il peut aussi changer la couleur et la taille du texte.
- Les traducteurs voient alors la page no-text avec le texte des bulles dedans, en HTML. Ils modifient directement le contenu des bulles (les rectangles étant devenus éditables) et sauvent.
- Ici, la version "html" marche déjà.
- Le ou les exportateurs voient les traductions affichées dans une liste de "choses à faire". Ils ont la page originale (en photoshop, mais qu'importe le format) et copient les bulles dans l'image, le process est facilité par divers détails.
- Les exportateurs peuvent mettre la page sur le site par FTP ou par upload HTTP. Ensuite, des scripts les repèrent, les cachent et attendent le jour de la sortie pour les mettre en ligne.
- Lorsqu'un traducteur change une phrase après coup, les exportateurs voient dans la liste de "choses à faire", que pour telle page, telle bulle spécifiquement à changée. Ils peuvent la remplacer, réexporter, réuploader, et le script remplace la page en ligne.
Les traducteurs peuvent traduire le texte en ligne, alors que d'autres s'occupent de faire l'export de l'image (sauf si on utilise la version html)
J'ai également commencé une interface pour tous les utilisateurs, permettant, sans que j'ai à bouger le petit doigt, à n'importe qui d'ajouter sa langue.
Q2: Combien de temps celà te prends-il pour préparer une page numériquement, afin qu'elle soit modifiable alors par tes contacts étrangers?
Dans le cas de DBM c'est particulier parce que nous avons pleins de dessinateurs et même des assistants qui retouchent numériquement !
Mais si l'on prenait une page finie sur papier, comme dans le cas d'un manga, il faudrait donc juste scanner, mettre le texte dans une langue de base, exporter le no-text. Tout cela est très rapide en fait.
Quand l'auteur original sait scanner et m'envoie une page parfaite, ajouter les textes et le copyright me prends 2 minutes. Avec l'export et l'upload, montons à 4 minutes :)
Q3: Qui constitue le public de Dragon Ball Multiverse? Y-a-t-il beaucoup d'étrangers qui le lisent?
Enormément. Il y a autant de lecteurs japonais que français ! A eux seuls ils font un quart chacun des visites. (28% pour la france, 26% pour le japon) Derrière nous avons 7% d'hispaniques, 6% d'américains, 5% de chinois, 3% d'italiens, 1% de portugais/brésiliens....
Proposer plusieurs langues ramène énormément de visiteurs.
Les BD en lignes les plus connues, généralement en anglais, ont des versions traduites par des fans (je pense surtout à Megatokyo), mais ils ne les mettent pas du tout en avant, et c'est dommage, car finalement, peu de gens lisent l'anglais, surtout chez les jeunes lecteurs (une grande partie du lectorat de DBM).
Q4: Que pense-tu de cette idée de proposer un système similaire au tien pour des magazines de prépublications Japonais? (Ex: Shonen Jump - Naruto, One Piece, Bleach, etc)
C'est une très bonne idée. Je sais en tout cas que c'est tout à fait faisable techniquement.
Je pense aussi que comme tous les systèmes de lectures en ligne qu'ont proposés les professionnels, ce sera une horreur en flash illisible.
Généralement les éditeurs sont sous la parano qu'on leur volera leurs images. Message pour vous les éditeurs: on vous vole DEJA vos images. En les protégeant plus, vous ne faites qu'ennuyer le lecteur qui ne demande qu'à payer.
Note: Les éditeurs ont fait de nombreux efforts là-dessus, et des éditeurs tels que Tonkam présentent une interface de lecture en ligne agréable (http://www.editions-tonkam.fr/mangas_en_ligne.php)
Q5: Ton système permet-il de mettre en place des droits et de faire des statistiques? (Ex: Tel éditeur Français n'aurait les droits d'accès en traduction qu'à la série dont il a la licence, quelle est la série la plus lue -> D'où rémunération équivalente en répartissant les gains issus des abonnements, etc?)
Pour des statistiques, le résultat étant un site web, oui on peut faire des stats dans tous les sens, avec le programme de son choix. Interne comme awstats, ou externe avec google analytics.
C'est très intéressant pour eux, c'est sûr, maintenant est-ce qu'ils le veulent, vu la frilosité des éditeurs face au net, je pense que non, mais c'est pas moi qui décide.
Q6: Un abonnement de cinq euros par mois pour lire son Jump numériquement, ça te semble viable?
Je trouve cela très cher pour quelque chose que l'on ne peut pas lire dans le métro, et qui coûte à peine le double en version papier
(si je ne me trompe pas, le Jump coûtant 250 yen max, cela fait 2 E par semaine donc 10 E par mois).
Il faut penser que produire cette version web ne va vraiment rien coûter à l'éditeur (prix de diffusion minime, un peu de bande passante, au lieu de logistique d'impression et de transport de tonnes de papier). En profiter pour se faire une marge qui atteint sûrement les 10000% me semble assez honteux.
Enfin, j'imagine que cela ira à tout ceux qui payent leur musique sur le net au prix exorbitant actuel.
Vous devez, et vous en avez les moyens, et cela vous rapportera des tonnes de bénéfices, proposer une solution très bien faite, très peu chère, avec plein de services bonus (un compte qui se rappelle où vous en êtes dans la lecture, des informations par mail, des interviews, la sortie des pages exactement en même temps voire avant le Jump papier, etc).
Ainsi les lecteurs préfèreront payer, disons 10 Euros par an (oui, si peu que ça), pour avoir un service parfait, plutôt que d'aller sur le site de transcan illégal avec des fautes d'orthographes, des images longues à charger, et bien sûr, 24h de retard sur vous.
Interview réalisée par Torog, pour http://www.no-xice.com